Prose XII – L’homme d’affaire

Il se sait séduisant,

Se rêve en gloires,

Diriger une Entreprise comme on vit une aventure.

Il

Sait le prix de l’apparence

Travaille son image,

Maîtrise ce jeu-là.

Affable, parfois cordial,

Les femmes lui sourient,

Les hommes secrètement l’envient.

Navigateur habile,

Il déjoue les pièges.

Se montrer vaillant,

Emporter ses troupes,

Fixer le cap,

Demeurer juste.

Nécessaire capitaine d’une armée imaginaire,

Gagner une guerre à peine pacifiée

Il se présente inlassablement

Encourage, harangue, et parfois tue.

D’autres,

Plus gris et transparents,

Se pressent comme lui dans les halls d’aéroport,

Les salons de grands hôtels

Les Conseils d’Administration.

Il a gardé en lui une part de rêve,

Epargnée,

Il veut le croire.

Quand on se penche sur elle,

Si lumineuse,

Posée là doucement,

On le revoit tout entier,

Comme au premier instant,

Charme intact.

Il sait raconter des histoires,

Donne envie d’y croire,

Donne envie d’aimer

En lui, l’éclat de l’Ange

Un jour le doute

Le soupçon,

Parfois le mensonge,

La cour en haillons,

Une armée en guenille : voilà ce qu’il redoute,

Mauvais résultats,

Hasard des gouvernances !

Il a peur de perdre ses chaines dorées.

Ignorant ce qu’il a déjà perdu

Aveugle à la vie qui l’attend encore

Incertain sur le chemin,

S’acharne néanmoins,

Marche aux bords de l’abîme,

Echange la Lumière contre la poussière de gloire,

Devient soudain gris et transparent

Tombe.