Prose VI – L’inconnu de la Cathedrale Nevsky

Souffrance qui embrase,

Ames et cœurs assemblés en un même chagrin

Frère et sœur liés en un même destin

L’agonie du père qui n’arrive pas à mourir.

Une douleur comme une haute marche à gravir

Vers quoi,

Vers où ?

Souffrance qui étouffe.

Dehors, dehors, à défaut de suffoquer !

Vers l’église orthodoxe russe,

La Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky.

Nous y pénétrons,

Office en cours,

En russe,

En chants tendres psalmodiés

Qui nous enveloppent.

Debout

Enroulés dans les chants et

Les rubans des mots de messe

Ballet hermétique,

Quelques autres, présents.

Le chagrin nous traverse

S’écoule là

Le long de nos joues

Jusqu’à nos cœurs,

Lavés.

Debout

Où tout est étranger et si familier

Egarés,

Un homme s’approche de nous

Tourne son visage vers la Vierge noire

Tend vers nous une bougie dorée.

Son geste fraternel,

Douceur au cœur

Nos mains se touchent

Nous déposons la lumière

Offrande d’or,

Au pied de l’icône.

Ne plus penser

Paumes ouvertes

Apaisée, l’âme tourmentée

Par le geste d’un étranger,

Remercier.

Envolé le chagrin dans les chants

Un instant

Reposés dans l’encens.

Debout toujours

Les fidèles marchent vers le pope,

L’homme nous invite,

Geste de la main,

Etrangers accueillis par l’amour,

Chagrin lavé, un instant.

Merci à toi, Inconnu de la Cathédrale Nevski